Le 9 juillet, c’était journée portes ouvertes à la centrale hydro-électrique de La Bâthie, près d’Albertville. L’occasion pour moi d’aller voir de plus près ces équipements dont j’entends parler tous les jours. Depuis Grenoble, La Bâthie c’est 1h d’autoroute. Mais comme j’aime pas les autoroutes, j’ai choisi l’itinéraire touristique. Et c’est parti pour les petites routes des Alpes 🙂
10h04, départ de Grenoble, presque à l’heure. J’avais prévu de partir à 9h, mais mon sommeil a décidé autrement… Direction le Sud, pour aller remonter la vallée de la Romanche.
Une heure plus tard, première étape au Verney, et son petit lac artificiel.
Ce lac sert de réserve à la centrale de Grand’Maison (à gauche sur la photo) : en période de faible consommation électrique, l’eau du lac est pompée vers un second lac situé près de 1000m plus haut, pour stocker l’excédent de production électrique. En période de pointe, elle redescend via des conduites forcée. Du Verney part une route bien connue des amateurs de cyclisme : celle qui mène au col du Glandon et à son voisin, le col de la Croix de Fer. C’est parti pour une petite heure d’ascension.
Arrivé à 1600m, la route du Glandon croise le barrage de Grand’Maison. C’est sa retenue qui alimente la centrale de Grand’Maison dont je vous parlais plus haut. Le lac est surplombé par les Grandes Rousses au Sud-Est et Belledonne au Nord-Ouest.
Arrivée au col du Glandon à midi. On a vu plus désagréable comme cadre pour le déjeuner 🙂 Malheureusement, les nuages commencent à se multiplier…
Plutôt que de redescendre directement du Glandon, petit retour 100m en arrière pour récupérer la route qui mène au col de la Croix de Fer, situé à seulement 2.5km de là. Du sommet, on peut voir le massif des Arves et ses aiguilles.
J’enchaîne par une longue descente vers Saint-Jean-de-Maurienne, coincé dans les échappements d’un bus.
Il ne reste plus qu’à remonter de l’autre côté de la vallée, par le col de la Madeleine, que j’avais déjà visité dans l’autre sens il y a quelques années.
/Arrivée à destination après 5 bonnes heures de route. Vue de l’extérieur, la centrale de La Bâthie ne parait pas bien grande. Difficile d’imaginer qu’il s’agit là d’une centrale capable de débiter environ 550MW en pointe et dont la production annuelle suffit à couvrir tous les besoins résidentiels d’une agglomération comme celle de Grenoble.
Et pour cause : la centrale en elle même est en fait entièrement souterraine ! Depuis le bâtiment extérieur part une galerie (point de départ entouré de rouge sur la photo) de 130m de long qui mène au « bâtiment » principal de la centrale, 40m de haut et plus de 100m de long, qui abrite les 6 turbines principales de la centrale et leurs transformateurs. L’eau arrive elle aussi par des conduites souterraines* de près de 10m de diamètre, principalement en provenance du lac artificiel de Roselend. 13 km de galeries mènent à la vanne de tête, d’où part la conduite forcée menant à la centrale : 2600m de long, pour 1200m de dénivelée. De quoi assurer une pression de 120 bars à l’injection dans les turbines, entrainées par un jet d’eau qui atteint 500 km/h. De quoi faire tourner à 500 tours/minute la roue de 23 tonnes.
Un second bâtiment souterrain un peu plus petit que le premier abrite les robinets permettant de couper l’alimentation en eau de chaque groupe, ainsi qu’un septième groupe de plus faible puissance, assurant les besoins en électricité de la centrale. De ce second bâtiment part une galerie routière à deux voies, permettant à des camions d’amener du matériel à la centrale.
Après la visite, j’espérais pouvoir monter voir le barrage de Roselend, mais il est déjà 17h et il faut compter deux bonnes heures aller-retour. Tant pis, ce sera pour une autre fois. Je repars donc vers Grenoble, non sans passer par un dernier col pour la forme, le col du Grand Cucheron, dont l’ascension offre une belle vue sur le massif de la Lauzière.
Et voilà, c’est fini pour aujourd’hui ! Y a plus qu’à y retourner par une autre route pour aller voir le barrage de Roselend 🙂
* j’ai découvert que les conduites souterraines EDF sont représentées sur les cartes IGN… De quoi se rendre compte que les Alpes sont en fait un vrai gruyère, traversé par des dizaines de conduits, alimentant des centrales situées à plusieurs kilomètres des prises d’eau, et elles aussi parfois souterraines.
J’apporterai une petite précision à tous les gens qui pensent qu’on est trop fort sur la houille blanche en France : il faut savoir que certes on arrive à produire 12% de notre électricité via les centrales hydroélectriques mais c’est uniquement parce que comme Matt l’a expliqué on pompe les nuits l’eau qui a été utilisée la journée. Et pour faire cela c’est uniquement grâce au surplus du nucléaire (bha vi ça s’arrête pas comme ça ces bestioles…)
En tout cas chouette reportage mister matt (oublie pas de repérer les routes de montagne que je puisse ensuite te demander où aller rouler 😀
C’est un peu plus compliqué que ça je pense 😉
Déjà, en soit, les 9.7% (chiffres 2010) qu’on fait en France c’est vraiment pas glorieux : au niveau mondial, c’est 16.1% en 2009 et l’hydraulique représente plus que le nucléaire (13.5% en 2009).
Concernant la « triche » avec les centrales à pompage (STEP), je suis pas sûr que ça soit comptabilisé dans le calcul du pourcentage d’électricité d’origine hydraulique, et surtout, ça ne représente pas forcément une grosse part de la production hydro.
J’ai sous les yeux une carte représentant à peu près les 100 plus grosses centrales hydro de France (+ de 50 MW), sur un total de plus de 400, et il n’y a dessus que 7 STEP. Grand Maison est la plus puissante du lot, avec environ 1800 MW (l’équivalent de deux réacteurs nucléaires de première génération) elle fait près de 10% de la puissance hydraulique installée (20 GW) mais sa production annuelle (1.4 TWh/an) ne fait pourtant que 3% des 45 TWh annuels d’énergie hydraulique annoncés par EDF et ne correspondrait qu’à 2h de fonctionnement par jour à pleine puissance, ce qui me fait penser que la production hydraulique est comptabilisée en net, et pas en brut, ce qui serait effectivement un peu de la triche 🙂
À titre de comparaison, Serre-Ponçon par contre, qui n’est pas une STEP (portes ouvertes en septembre si ça t’intéresse 😉 ) fait la moitié de la production annuelle de Grand Maison, avec seulement un cinquième de sa puissance, et La Bâthie dépasse le TWh annuel avec seulement 550MW de puissance.